Michèle Cazanove travaille depuis les années 80 à faire connaître et révéler des artistes caraïbéens au sein de sa galerie sise à Gosier, en Guadeloupe…

Une pensée me vient à l’esprit, « L’unique Trait de Pinceau » …

On peut avancer que la photo n’a rien à voir avec la peinture et que « le trait de pinceau » ne peut s’appliquer à un travail photographique. Pourtant, que le médium d’une œuvre soit la peinture, la musique, la photo ou autre, elle reste soumise aux grandes lois spirituelles qui accompagnent –avec plus ou moins de bonheur- toute création artistique. Celle de Michel GOGNY-GOUBERT me conduit à « L’Unique Trait de Pinceau » que définit parfaitement Guo Ruoxu, auteur d’un des plus importants ouvrage de l’Histoire de l’Art de Chine, le Tuhua Jianwenzhi (1074) : « Quand Zang Yanyuan dit que seuls Rang Xianzhi et Lu Tanwei étaient capables respectivement de calligraphier et de peindre d’un seul coup de pinceau, il ne veut pas dire qu’un texte entier ou la forme complète d’une chose étaient rendus d’un seul et unique trait, mais bien que, du commencement à la fin, le pinceau poursuivait tous ses mouvements sous l’égide d’un même contrôle sans que l’influx de l’esprit ne s’interrompe ; ainsi, la motivation spirituelle précédait le pinceau et le pinceau évoluait dans la sphère de cette motivation spirituelle, en sorte que, une fois la peinture achevée, l’intention qui l’avait motivée s’y trouvait incarnée, les formes répondant en correspondance à la plénitude du contenu spirituel ; ces conditions remplies, il faut en outre que l’esprit soit détaché mais l’intention bien arrêtée, grâce à quoi l’inspiration se fera inépuisable et le pinceau travaillera sans entraves » {…}

C’est exactement ce qui me paraît être la démarche de Michel GOGNY-GOUBERT, c’est à dire aller bien plus loin que la poésie qui, c’est indéniable, caractérise son travail. Tel un alchimiste, il donne toute son âme et tout son temps, dans une quête permanente et soutenue afin que « l’inspiration se fasse inépuisable et le pinceau  - en l’occurrence son esprit - travaille sans entraves »…

Cette approche « religieuse » de l’art me mène aussi à Fabienne Verdier qui écrit dans « Passagère du silence » : « Il ne doit rester rien d’autre que ‘’l’esprit de la forme’’ et non ‘’la forme réelle à interpréter.’’ »
Fabienne Verdier a aussi publié un ouvrage intitulé « L’Unique Trait de Pinceau ».

Michel GOGNY-GOUBERT présente une autre série : « Pitt à coq » qui offre une projection très directe du combat de coq, avec l’agressivité qui accompagne cette coutume cruelle. C’est un travail que je dirais diurne, avec des couleurs vives, des mouvements précis et menaçant et aussi, souvent, une grande virtuosité qui rend à merveille les postures dans leur rapidité et leur violence.

Michèle Cazanove 
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