Ut pictura poesis
Horace
La poésie ressemble à la peinture

Vous avez dit assemblage ??

Quelle belle aventure d’art visuel. Michel Gogny-Goubert, photographe et Piaf le peintre ont
décidé d’unir leurs pratiques dans une même œuvre. L’origine de cette production
artistique à quatre mains, et deux paires d’yeux, vient de MiGG qui souhaitait depuis fort
longtemps demander à un artiste de peindre sur ses épreuves.

Piaf a rapidement accepté d’intervenir sur vingt cinq images sélectionnées parmi le travail
de Michel et nous voici donc face à cette rencontre de deux univers poétiques et
complémentaires. Le peintre est parti de ses tableaux existants, dans lesquels il a prélevé
des éléments de son vocabulaire plastique très coloré pour les transférer, voire transporter
numériquement sur les clichés de son ami. L’émotion ressentie et l’assemblage réalisé
incarnent comme une réponse, un rebondissement, une mise en musique d’une création
pourtant figée sur le papier.

Celle ou celui qui regarde ces assemblages est invité à un voyage, à une traversée du réel
augmenté par la poésie qui anime les deux artistes avec vigueur. Si Michel pose des
questions, bouscule le regard dans ses photographies, Piaf fait passer des messages,
synthétise et anime le propos avec la douceur élégante de sa peinture. La combinaison de
leur travail valorise l’œuvre pour lui donner un caractère plus vivant, plus joyeux, plus
tourné vers la lumière et plus narratif.

Chaque œuvre composée dit bien la force de persuasion de l’image initiale saisie par MiGG
que Piaf vient rehausser d’humour et de sourires. Du bus abandonné, à l’univers post-
industriel ou aux dominos mal façonnés promis au rebut, tout devient prétexte à conter une
troisième destinée au sujet premier de la photographie. Quand les couleurs, les cœurs, les
poissons, les bateaux, les oiseaux, les fleurs, les visages, les baisers d’amoureux de Piaf
viennent s’installer dans les tirages de Michel, la poétique du sensible et de l’enthousiasme
devient contagieuse pour le regardeur.

Difficile d’en dire plus et de proposer une lecture de ce type de travail tant il est riche de
sens, de réflexions, de suggestions comme de pistes ou d’océans à parcourir. Ce qui est
certain par contre c’est que les deux complices d’art ont trouvé un terrain de jeux
graphiques et esthétiques qui en dit long sur les possibles de la création.

N’ayant rien d’autre à prouver que ce bonheur partagé, c’est avec une grande liberté et un
respect mutuel qu’ils ont préparé cette exposition originale, captivante et insolite.
En vous souhaitant une exquise découverte au cœur des arts visuels en compagnie de ce
duo MiGG & PIAF qui dialogue tout autant dans les œuvres présentées, que dans les titres
qui leur sont données.

Dans « Le livre de mon bord », Pierre Reverdy écrivait : La poésie est à la vie ce qu'est le
feu au bois. Elle en émane et la transforme : C’est bien avéré et nous le vivons au travers de
cette exposition. Les Assemblages de ces deux messieurs artistes ont renouvelé le regard
que je portais sur leur travail respectif et ont mis de longs sourires dans mon temps
d’écriture.

Nathalie HAINAUT
Critique d’art
Novembre 2022
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